Exposé du séminaire
Le séminaire VIT –
Villes et Infrastructures en Transition - s’intéresse à la
question des transformations infrastructurelles et urbaines observée
à travers un double prisme, la montée d’une pensée urbaine et
infrastructurelle sur la décroissance (organisée) d’un côté, et
la gestion des enjeux de déclin de l’autre. Ce séminaire
s’inscrit dans la poursuite et l’approfondissement des travaux
conduits depuis plusieurs années sur les questions de déclin,
notamment ceux développés par le Shrinking Cities International
Research Network (SCiRN). Comme l’ont montré ces travaux, la
question de la décroissance et du déclin n’est pas en soi
nouvelle (Fol et Cunningham-Sabot, 2010). Des réseaux ont d’ores
et déjà connu des phases de rétraction (le réseau ferré, par
exemple), transformant leur usage et remettant en cause leur
fonctionnement, leur architecture et l’organisation des espaces
qu’ils contribuaient à solidariser. L’histoire est aussi marquée
par des déclins de villes, voire par la disparition d’ensembles
urbains.
Au-delà de cet état de
fait historique, l’objet de ce séminaire est d’analyser la
question de la décroissance comme une transition ou une
bifurcation inscrite dans la durée (Baron et al., 2010),
jouant un rôle important dans les évolutions des modes des
fonctionnements des infrastructures et des villes. En d’autres
termes, le séminaire cherche à nourrir des réflexions sur de
nouvelles formes de gestion des villes ou des infrastructures, pour
s’adapter à une société sans croissance, qu’il s’agisse de
croissance économique ou de l’utilisation diminuée des différents
réseaux techniques. Notre postulat est que les transformations qu’on
peut observer dans la gestion de réseaux techniques décroissants
ont une influence sur la gestion des villes ; réciproquement,
la mise en place d’un urbanisme de la décroissance n’est pas
sans effet sur la géographie et la gestion de la ville souterraine
ou invisible que constituent les infrastructures techniques.
En effet, la décroissance
des usages de certains réseaux comme la décroissance urbaine sont
des phénomènes de longue durée dans les pays développés, et non
une simple parenthèse. Dans le cas des réseaux techniques, les
impératifs de sobriété, le développement de bâtiments présentant
une certaine autonomie énergétique, la diffusion d’équipements
moins consommateurs d’eau ou d’énergie d’un côté, la
diversification des sources de production, l’augmentation des prix
de l’eau (surtout l’assainissement) ou de l’énergie et le
développement d’une précarité énergétique des ménages de
l’autre forcent les différents acteurs de ces systèmes
socio-techniques à changer leurs pratiques et leurs modes de
fonctionnement. Par ce biais, l’organisation et le fonctionnement
des réseaux connaissent déjà et connaîtront encore davantage des
adaptations majeures, notamment l’eau, l’assainissement, le
chauffage urbain et l’électricité (je pense qu’il serait bon de
mettre une référence sur les travaux sur les infrastructures).
Concernant les organisations urbaines, les logiques de concurrence
urbaine liées à la métropolisation remettent en cause les
hiérarchies, les fonctionnements d’ensembles urbains dans les pays
développés, notamment dans les villes de tradition industrielle.
Ces ensembles urbains connaissent bien souvent un affaiblissement
économique, social et démographique (Martinez-Fernandez et al.,
2012) concomitant imposant de nouveaux défis de gestion et
d’innovation pour développer d’autres formes urbaines et de
nouvelles pratiques du territoire. Outre ces territoires fragilisés
par le contexte de globalisation, s’ajoute l’enjeu d’une
population vieillissante et souvent déclinante dans les pays
développés (Allemagne, Italie, Japon en particulier). Ainsi, pour
bon nombre de villes, dans un contexte de fragilité financière des
pouvoirs publics locaux ou nationaux, l’enjeu est d’imaginer une
partie de l’urbanisme de demain dans une société vieillissante et
sans croissance, voire présentant des signes de décroissance
démographique ou économique.
Dans ce cadre, l’objet
de ce séminaire est d’analyser à la fois les transitions des
villes et des infrastructures face à cette dialectique de la
croissance et de la décroissance en s’attachant à trois
dimensions :
- Les dimensions matérielles et techniques de cette transition. Quels sont les effets spatiaux produits par ces processus de transformations infrastructurelles et urbaines ? Quelles sont les mesures techniques d’adaptation à ces transformations ?
- Les dimensions organisationnelles, liées à l’économie politique de cette transition. Quelles transformations des modes de gestion ces transitions génèrent-elles ? L’idée est d’évaluer, entre autres, l’apparition de nouveaux business models ainsi que les nouveaux modes de gouvernements des organisations induits par cette transition. Peut-on imaginer une gestion des réseaux ou des villes sans croissance ? Quels sont les outils et les acteurs (nouveaux ou anciens) de cette transition ? Quelle place pour les solutions centralisées ou décentralisées ?
- Les dimensions sociales. La décroissance est-elle organisée ou s’agit-il d’un processus rejeté ? Quelles sont les résistances éventuelles à ces processus et les projets alternatifs qui émergent pour y faire front ? Quels sont les effets sociaux de ces transformations ? Quels sont les acteurs qui portent le coût de ces transformations, et ceux qui en bénéficient ? Dans quelle mesure ces processus transforment-ils les pratiques et les besoins des usagers/des habitants ?
Bibliographie :
- BARON, M., BUHNIK, S., CUNNINGHAM-SABOT, E., DUCOM, E., FOL, S., GRASLAND, C., RIVIERE, D., VAN HAMME, G., 2010, « Introduction », in BARON, M., CUNNINGHAM-SABOT, E., GRASLAND, C., RIVIERE, D., VAN HAMME, G. (dir), 2010, Villes et régions européennes en décroissance. Maintenir la cohésion territoriale, Lavoisier, Paris, 345p.
- FOL, S., CUNNINGGHAM-SABOT, E., 2010, « “Déclin urbain et Shrinking cities : une évalution critique des approches de la décroissance urbaine », Annales de Géographie, 2010/4, pp. 359-383
- MARTINEZ-FERNANDEZ, C., AUDIRAC, I., FOL, S., CUNNINGHAM-SABOT, E., 2012, « Shrinking Cities : Urban Challenges of Globalization », International Journal of Urban and Regional Research, vol. 36/2, pp. 213-225
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