12 décembre 2014

Sainté itinéraires croisés - Workshop #1


Notre recherche-action (Sainté itinéraires croisés) autour de l'activation des rez de chaussée vacants comme prisme révélant l'identité multiculturelle de la ville, nous amène à préparer un temps fort à l'occasion de la Biennale Internationale du Design. Nous nous implanterons dans notre quartier Jacquard bien aimé du 9 mars au 9 avril pour une expérimentation échelle 1, avec de nombreux complices.
Cette semaine a eu lieu le premier workshop de conception du B.E.A.U - Bureau éphémère d'activation urbaine -qui prendra forme pendant la biennale. Toute une partie de l'équipe CARTON PLEIN (Hervé, Amélie, Dominique, Fanny, Élise, Laurie, Alissone, Corentine, Guillaume, Stéphane...) était réquisitionnée avec à ses côtés les complices adorés (collectif etc, la Louce, Emmanuelle Guyard), tous mobilisés pour concocter un programme décapant qui mette en mouvement le quartier et contribue à la dynamique des pas de porte de la ville.



Nous avions trois objectifs pour ce premier temps de travail collectif :
Constituer un groupe de travail et partager les enjeux du projet pour mettre tout le monde en jambes.
Valider les grands principes du projet : implantation du BEAU dans un ancien CASINO, mise en place de boutiques éphémères, d'autres fictives, en avançant sur l'organisation, la communication, l'univers, la scénographie...
Alimenter la recherche action à plus long terme en interrogeant les différentes formes de reconversion de ces boutiques, en recherchant ailleurs et ensemble des stratégies inspirantes.

Ce fut donc trois jours intenses dans un climat stéphanois hivernal tout juste installé...

Lundi soir : 

Nous accueillions les participants en racontant le projet et son état d’avancement. L’occasion d’expliquer son articulation avec l'étude socio-urbaine en cours, fondement du projet OVNI qui a eu lieu lors des journées du patrimoine, mais aussi terreau du partenariat avec les archives de la ville de Saint-Étienne sur la valorisation des migrations jusqu’en septembre 2015. Nous expliquons aussi la rencontre stimulante avec les architectes urbanistes du secteur (Agence Territoires urbains de Marseille et Atelier de ville en ville) dont l'étude urbaine semble mettre en avant une nouvelle stratégie d'acupuncture urbaine avec des micros interventions entre les gros pôles du projet urbain pour dynamiser les rues au coeur du quartier. Il semble donc que nos actions prolongent ces choix stratégiques en proposant des outils d'intervention singuliers.

Mardi matin / midi : 

Après avoir présenté la marche urbaine comme clé méthodologique de notre enquête, nous voilà parti pour découvrir in situ les problématiques du terrain. Boutiques après boutiques, nous recherchons des traces de l'activité passée, nous nous projetons dans l'évènement à venir et dans les formes de reconversion possible. Au passage, nous revenons sur l’expérience de Parcours de jeu avec le choix d'investir des espaces publics délaissés lors de la précédente biennale. Lorsque les portes défoncées ou béantes le permettent, nous rentrons dans les arrières cours. La plupart sont seulement reconverties  en logements mais dans l'une d'elle nous tombons sur François, créateur d'enseignes, graveur sur métal, passionné d'art et tout a fait partant pour s'impliquer dans l'aventure !



Après ce tour du quartier et des zones d'intervention potentielles, nous traversons la grand'rue pour une rencontre avec l'association RDD Rue du Développement Durable, dans le quartier du Crêt de Roch. Igor, Carole et Céline nous accueillent pour une explication de leur projet et le partage de leurs problématiques et stratégies. Eux travaillent depuis quelques années sur l'activation des rez de chaussée vacants à travers l'accompagnement à l'installation de porteurs de projets (commerçants, artisans) mais aussi en proposant d'autres types de reconversion via les associations partenaires : en effet Ocivélo a ouvert récemment un garage à vélo de quartier. Leur association a choisi la dynamique de réseau, une sorte de pépinière d'activité à ciel ouvert qui favorise la mutualisation, la coopération vers une transition écologique nécessaire. Nous cherchons comment créer une vraie connexion entre nos projets et profiter de nos approches complémentaires. Nous déjeunons Aux pieds des marches, la cantine de quartier où chacun peut venir et où l'on sert aussi des produits locaux des producteurs bio des environs...

Mardi après midi nous formons deux groupes :

>l'un travaillera sur la signalétique, la programmation et la communication autour de l'évènement biennale... Il s'agit de penser la mise en forme du projet au coeur de l'évènement Biennale et en situation : le choix d'un parcours, de pôles forts, du BEAU comme espace central. Ressort de ce premier brainstorming, l'envie de jouer l'univers de l'agence immobilière décalée, le groupe imagine une gazette comme lien avec le quartier et des panneaux du type A VENDRE ou A LOUER mais d'un nouveau genre...
>l'autre cherche d'avantage à étayer la stratégie urbanistique ! Il s'attèle à comprendre les besoins du territoire, recherche des modes d'action nouveaux pour parer aux difficulté des aménageurs à proposer de l'activation de proximité. En quoi le BEAU peut-il proposer de nouveaux services et outils ? Quel est son public ? A qui s'adresse-t-il ? Comment travaille-t-il en complémentarité avec les autres commerçants ou ressources du territoire ? que laisse-t-il sur le territoire après la Biennale ? Nous rencontrons au cours de l'après midi Alexandre de la Cité du design, responsable de la mise en place des LUPI comme labo d'innovation aux services des entreprises et des collectivités. Il nous incite à rassembler avant la Biennale les acteurs du réseau CREAFIL qui tentent d'accorder l'accompagnement aux porteurs de projets de l'agglomération. Nous imaginons des temps d'ateliers en amont de la Biennale, en février par exemple, pour pouvoir engager les acteurs avec nous dans des formats de prototypages de nouveaux services et modes d'accompagnement.







Mercredi matin :

Le parcours se dessine, boutique après boutique les perspectives d'intervention sont imaginées. Nous repérons les boutiques stratégiques, nous nous appuyons sur les opportunités liées à l'intervention de l'EPASE, mais aussi aux liens en construction avec les commerçants du secteur. Nous modélisons le BEAU, ses services, les typologies de boutiques éphémères (boutiques outils, boutiques fictions, boutiques éphémères qui sont réservables à l'heure, ou à la journée)...

L'après-midi, le groupe se divise à nouveau entre visite des bâtiments qui appartiennent à l'EPASE et poursuite au chaud de la réflexion. La visite permet de découvrir le BEAU et ses futures boutiques outils qui seront aux services de l'activation des boutiques ouvertes ou fermées, publiques ou privées du quartier.
Certains testent un dispositif d'entretiens pour les commerçants et imaginent la mise en forme des données recueillies pour qu'elles puissent être utiles au groupe. Nous rencontrons les boulangers du grain d'Ellebore de la rue Jules Ledin. Boulangers BIO ++ depuis 30 ans qui ont développé, en lien avec le terroir (magasin de producteurs situé juste en face)  un mode de fonctionnement atypique avec un réseau de clients à l'échelle de l'agglo stéphanoise qui se retrouvent ici les mardi et vendredi. Ils partagent leurs difficultés et semblent assez partants pour faire relais et s'investir dans le projet (lien vers une ancienne commerçante mémoire du quartier, troc pour une nouvelle devanture, contact de la personne qui avait un cantine juste à côté...) nous évoquons plusieurs possibles... et bien sur toujours l'envie de mettre en avant ces commerçants comme autant de facette de la ville, et d'univers exotiques forts... Comment lutter en effet contre la standardisation du commerce de proximité ? comment valoriser ces univers singuliers travaillés au fil des années ?




Nous finissons avec François Puech de l'EPASE en charge de la réhabilitation des bâtiments et qui nous fait part des enjeux dans le quartier, avec notamment de nombreux marchants de sommeils ou propriétaires lointains qui ne veulent pas rénover et laissent les immeubles se dégrader. Entre stratégie et action, François reconnait que le coeur de leur métier n'est pas la recherche d'activité et l'impulsion de dynamiques d'acteurs privés. Il est donc bien partant pour participer avec nous à l'expérimentation.





Jeudi :

Journée consacrée à la reprise des données, à la mise en place d’outils de communication grâce à Manue et Benben. L’urgence est de pouvoir donner les informations à la Cité du design et apparaitre dans le programme officiel.
Laurie en grande coordinatrice tente de reprendre l'ensemble des données collectées.
Tous les porteurs de projets potentiels, Costanza, graphiste scénographe d'origine italienne, tout juste installée à Sainté, Pierre son ami documentariste, Gérard, un voisin qui voudrait proposer une boutique à destination des extra terrestre... et bien d'autres sont mobilisés pour proposer une activité dans une boutique sur des temps courts ou longs...
L'objectif est bien de définir les modes de coopération et les formes de ce projet coopératif. Location de boutique  à l'heure ? Prêt des ambulantes de Guillaume (machines roulantes cantines, bricolage ou autre) pour activer les rues ? Troc avec des habitants de rez de chaussée pour transformer leur façade bricolée ? Chantiers participatifs pour activer des coins de rues ou espaces délaissés....
Nous terminons par la mise en place du planning global et de l'architecture de nos outils de classement et de travail en commun.
Et voilà ! Le groupe se sépare !
Workshop rondement mené qui donne envie de poursuivre le projet !!
L'équipe locale va poursuivre l'enquête avec les parrains/ marraines des boutiques vacantes, les enquêteurs volontaires de la ville. Rencontre avec les commerçants, marche de nuit, recherche des propriétaires, entretiens avec les acteurs ressources du territoires (aménageurs, accompagnateurs à la création d'entreprise...)
Nous nous retrouverons pour un nouveau wokshop du 9 au 13 février prochain.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire