19 mai 2014

SAINTÉ ITINÉRAIRES CROISÉS // Marche #1

Carton Plein, en collaboration avec différents artistes, chercheurs, praticiens, travaille en ce moment à la conception collective d'un projet qui interroge la diversité culturelle à Saint Étienne. L'ambition première du projet est de construire des parcours urbains dans la ville qui prendront place pendant les Journées du Patrimoine 2014, dans un but de valorisation de l'image cosmopolite de la ville. Supports d'expérimentations, nourris de performances et jalonnés d'oeuvres et d'interventions artistiques, ces parcours interrogeront la place de la diversité culturelle dans une ville d'immigration et en pleine reconstruction identitaire. Ils sont supports d'une recherche pluridisciplinaire, un espace possible de réflexion et d'échanges entre professionnels de l'urbain, artistes, chercheurs, acteurs de la ville et citoyens. Nous avons choisi la marche urbaine comme outils de construction du projet : elle a l'ambition d’amener à regarder la ville sous un autre angle. Le mercredi 7 mai, Carton Plein a invité certains collaborateurs à se rencontrer autour d'une première marche urbaine dans la ville.

Extrait du récit : 

" Mercredi 7 mai. Il est 9h00. Nous retrouvons le petit groupe de marcheurs au bord de la place Jacquard : Nous sommes une dizaine : des membres de l'équipe Carton Plein, des artistes – le Collectif X, La Louce, la Galerie Rue des Artistes.. mais aussi des chercheurs - Pascale Pichon, professeure de sociologie à l'Université Jean Monnet et chercheure au centre Max Weber, Morane Chavanon, doctorante en sciences politiques à l’Université Lyon 2.
La ville est déjà en activité. Le marché de la place bat son plein.
L'idée pour cette marche, parce qu'il y en avait une avant de partir, était d'embarquer tout le monde à travers la ville en s'intéressant aux traces de la diversité culturelle sur l'espace urbain, en se focalisant notamment sur les façades et les boutiques (souvent vides) des rues traversés. Comment les traces peuvent parler de l'identité de la ville ? Comment peut-on approcher la diversité culturelle, passée et présente, à travers ce prisme ? Des prismes il y en a des centaines, mais c'est sur celui-ci (les façades et boutiques des rues) que nous avons décidé de faire voyager tout le monde pour ce premier rendez-vous dans la ville.

Nous avons tracé un itinéraire qui nous semblait propice aux discussions. Que voyons nous ? Quelles traces sont encore présentes ? Que nous disent-elles ? Nous disent-elles d'ailleurs quelque chose ? Qu'entend on par diversité culturelle ? Les traces sur l'espace vont-elles nous aider à en donner une définition collective ? Un itinéraire est tracé mais chacun est libre de nous embarqué où bon lui semble.

Nous partons en marche en laissant derrière nous le marché. Quatre fois par semaine, le marché Jacquard transforme la place, souvent déserte le reste du temps. Les gens affluent de toute la ville pour venir contempler les nombreuses étales de produits provenant de différents horizons à des prix défiant toute concurrence. Véritable poumon de la ville, c'est un rassemblement culturel extraordinaire. Les gens se croisent, certains se parlent, d'autres crient. Bouillonnement de langues et de langages.


Nous nous dirigeons dans la rue Jules Ledin, rue liant le centre et la ceinture urbaine de la ville. La rue est déserte. Le contraste avec la vitalité de la place du marché est fort. La rue est parsemée de boutiques abandonnées...sur ses quelques 300 mètres de longueur on trouve plus d'une dizaine de vitrines salies par la poussières, obstruées par des grandes planches en bois. Il n'y a plus rien...enfin, si, il reste une boulangerie et une épicerie de producteurs, fermées ce jour là mais qui drainent pourtant de nombreux clients les mardi et vendredi, redonnant vie à la rue... Encore plus loin un bar - bureau de tabac, lieu de croisement et de rencontre pour les jeunes hommes, qui s'installent parfois sur des chaises au croisement, et interpellent les automobilistes qu'ils connaissent. On devine d'autres activités mais rien n'en indique la nature.
La rue offre une qualité paysagère intéressante. D'un côté une percée visuelle sur la ceinture de la ville, de l'autre une vue sur la rue voisine, contrastant par son activité. La rue est déserte, vide, aride. Nous marchons lentement, scrutant les façades à la recherche d'indices sur l'activité passée. Il reste des traces. De vieilles enseignes. On imagine la vitalité de la rue à l'époque où tout était ouvert, où les usagers empruntaient la rue, poussaient les portes, discutaient sur le bord du trottoir des sacs de marchandises plein les mains.
Nous rencontrons Eugène, figure du quartier. Eugène a 80 ans, il est né ici, le connait comme sa poche. Il commence à nous montrer qu'« ici avant il y avait ça », qu'au coin de la rue il y avait un libraire, Monsieur Dubouchet. Il connaissait bien Monsieur Dubouchet, « c'était un ami des beaux parents de ma fille ». Et puis au n°20 on pouvait acheter des chapeaux. En face, c'était des œufs et du beurre. « Et puis là bas, vous voyez là bas, c'était chez Creuset. Creuset c'était le boulanger ». Il était voisin du charcutier et du fromager...
Les artistes de La Louce et de la Galerie Rue des Artistes ont déjà capté Eugène pour leur projet. Il fera l'objet d'un film présenté lors des Journées du patrimoine...




La rue est presque déserte aujourd'hui mais les rencontres et discussions sont riches. Ce n'est pas la nostalgie du passé qui nous empare mais la volonté de comprendre ce qu'il s'est passé et où se trouve la vitalité de la ville, parfois fuyante...
Ici et là des immeubles sont rachetés par l'EPASE pour réhabiliter et redonner de l'attractivité au quartier... Dans le prolongement, la rue Paul Bert et le local de la galerie des artistes très active qui doit trouver un autre local. Comment pénétrer le projet urbain en cours et travaille sur le processus pour créer des synergies et ne pas casser les dynamiques déjà là ? Comment s'ppuyer sur les acteurs pour penser l’attractivité du quartier ?

En marchant, on prend conscience de l'espace.. Comment s'est construite la vie culturelle de quartier ? Pourquoi il n'y a plus rien ? Enfin, qu'en reste-t-il ? Qu'en est-il du foncier ? Et l'habitat ? Comment redonner vie aux vitrines cassées, aux boutiques fermées? A qui appartiennent elles ? Et si on intervenait sur la rue pour lui redonner un peu de vitalité même de manière éphémère ? Et si on rouvrait les boutiques ? Et si on décorait les fenêtres ? Et si on repeignait les boutiques vides ? Et si on invitait les habitants à y prendre part ? Et si on inventait un outil commun ou un événement pour faire parler de la diversité du lieu et de ses habitants ?...

Nous poursuivons la marche...
Chaque mois nous en proposerons une. Nous consoliderons le groupe, ferons des invitations, proposerons des protocoles nouveaux, et constituerons ainsi un groupe de marcheur enquêteurs, d'acteurs-chercheurs, pour amener de la réflexivité sur nos pratiques et construire collectivement un événement.


"Jouissance du temps, des lieux, la marche est une dérobade, un pied de nez à la modernité. Elle est un chemin de traverse dans le rythme effréné de nos vies, une manière propice de prendre de la distance et d'affûter nos sens."
Éloge de la marche, David Lebreton, Métaillié essais 2000

7 mai 2014

Le Collectif X, nos résidents du moment, vous invite à participer à leur création VILLE#1 SAINT-ETIENNE


Jusqu'à la fin du mois de mai, le collectif X investit les anciens locaux de l'Amicale Laïque Chapelon prêtés par la Mairie et par l'EPASE en attendant leur destruction en septembre pour y faire le portrait théâtral de la ville de Saint-Étienne.

Le collectif vous invite à participer à cette résidence printanière et stéphanoise, dernier rendez-vous de leur première année d'existence !

Ça s'appelle :VILLES#1 SAINT-ÉTIENNE
Et ça se fait avec vous !
Vous voulez dire quelque chose sur votre ville ?
Vous voulez en débattre ?
Vous voulez l'exprimer collectivement ?
Vous voulez voir ce qu'on fait et comment on le fait ?
VENEZ !

Le lieu est ouvert / il est pour vous / il est à vous !
Comment ? / Tous les jours (sauf week-end et vendredi 9 mai) / le matin de 11h à 13h
MAIS SURTOUT ///
Tous les soirs à 19h pour écrire et répéter ensemble / le chœur public de 100 définitions de Saint-Étienne

Mais surtout surtout/// Venez voir notre portrait de Saint-Étienne les 23 et 24 MAI à 20h !

5 mai 2014

Happy from Sainté !

https://www.youtube.com/watch?v=LPBxE2lAOjw

Franchement ça envoie du lourd !
Découvrez la cover du clip HAPPY de Pharrell Williams tournée à Saint-Étienne.